C’est par la forme que je suis entrée en relation avec les autres, avec curiosité, parfois avec admiration ou répulsion, avec compassion aussi, en observant dans ces corps, mouvants et expressifs, une vie intérieure toujours inédite.
J’ai rencontré à vingt ans le Yoga, et je l’ai toujours pratiqué. Cette pratique corporelle m’a permis de connaitre ce corps, mon véhicule et d’apprendre à en prendre soin et à l’habiter. J’ai appris aussi à nourrir mon âme et cette aspiration vers ce quelque chose d’inconnu qui m’a toujours habité: une quête, une nostalgie, difficile à nommer.
DU SOIN DE LA TERRE…
...AU SOIN DES HOMMES
J’ai fait un détour par la terre, parce que je suis une femme de conviction, d’engagement et je suis une idéaliste. Je voulais être active dans ce mouvement qui cherche des nouveaux modes non pas d’exploitation de la terre, mais d’un travail respectueux de la terre et des hommes. Nous avons créé une exploitation agricole biologique. Cet engagement était réel, concret et enthousiasmant. Quoi de plus beau que d’apprendre à prendre soin de la terre, à en connaitre les lois. J’ai étudié à cette occasion l’anthroposophie de Rudolph Steiner, le seul qui aborde la nature, sa relation à l’homme avec un éclairage spirituel. Ses lectures ont jalonné tout mon chemin. Le travail de la terre est exigeant et ardu; cette expérience m’a forgée. Elle m’a donné la compréhension la plus précieuse pour moi, celle de l’interrelation : cette terre est vivante, elle n’est pas qu’un substrat dans lequel des chimistes de laboratoires déversent des engrais et des pesticides. Elle contient un microcosme, un monde vivant, qui si on le respecte devient un collaborateur. J’ai appris à connaitre et à aimer le monde des insectes et des plantes. J’ai appris que ces légumes que je cultivais dans le respect du vivant, devenait non seulement une nourriture, mais par leur vitalité, leur vigueur, un vrai médicament.